Nouvelle année, quasi-nouvelle maison bleue. Que de choses se sont passées les deux dernières années. Après des confinements plus ou moins confinés et plus ou moins solitaires, quelques hauts et bas qui ont donné lieu à de belles solidarités, la moitié de la maison s’est envolée vers de nouveaux horizons. Une fois rejoint⋅es par de nouvelleux colocs, pour prendre le temps de se connaître, de faire collectif, d’affirmer pourquoi nous sommes-là dans cette éco-coloc, nous avons organisé un festival interne à la maison bleue : le Festibleu !

En organisant le festibleu, nous avions plusieurs objectifs : faire connaissance, aller plus loin dans l’engagement social et écologique de la maison, et rencontrer d’autres colocs elles aussi mobilisées. Nous avons passé la semaine du 7 au 14 novembre 2021 ensemble. En y repensant après coup, participer au festibleu a été un moment super important pour souder notre groupe et relancer une dynamique.

Le festibleu a été un moment où nous avons partagé des moments festifs, des temps de bricolage, des jeux, mais aussi des soirées plus sérieuses pour discuter de ce que représente la maison pour nous. Quelques événements qui nous ont marqué⋅es :

Une discussion sur l’accueil

Nous avons beaucoup parlé d’accueil solidaire de personnes en difficulté (personnes migrantes, sans abri, vulnérables ou en galère). Cette question n’est pas totalement nouvelle, on héberge déjà des personnes en galère, surtout ponctuellement pour dépanner, mais on voulait prendre le temps de se poser plus de questions : en plus d’un toit est-ce qu’on fait correctement les choses quand on héberge quelqu’un ? Peut-on aller plus loin, par exemple aider pour des démarches, etc ? Comment plus facilement créer des liens, partager des repas, des soirées, etc ? Comment également accueillir dans de meilleures conditions, à la fois pour nous (répartir la charge de l’accueil), et pour celleux qu’on reçoit ? Devons-nous continuer d’héberger dans des chambres libres ou dans un salon un peu passant ?
Suite à cette discussion, nous avons réaffirmé que l’accueil fait partie intégrante de notre éco-coloc. Pour nous il n’y a pas d’écologie possible sans prendre conscience des enjeux capitalistes qui lient l’exploitation des hommes et de la nature.

Nous avons donc décidé de cloisonner une nouvelle chambre destinée à l’accueil solidaire en utilisant des matériaux locaux et écologiques : terre et paille sur structure bois.
Aujourd’hui, les réseaux dans lesquels nous sommes impliqué⋅es nous donnent largement l’occasion d’héberger des personnes en galère, mais si vous aussi vous souhaitez mettre à disposition des espaces pour des personnes en difficulté dans un cadre un peu plus formalisé, plusieurs assos aident à l’organisation d’hébergements solidaires, et certaines copaines nous ont recommandé l’asso Timmy.

Une discussion sur les loyers justes

Second sujet abordé : la répartition des loyers. On se demande s’il est juste qu’on globalement tous⋅tes le même loyer, alors que nous sommes loins d’avoir les mêmes revenus. Après, dans l’idéal, on ne payerait pas de loyer supérieur aux charges et frais d’entretien de la maison et la mise en location ne constituerait pas une rente pour les propriétaires, et les logements feraient partie d’un commun hors du système marchand, à l’image de ce que propose le réseau de lieux en propriété d’usage (CLIP) ou la foncière Antidote.

Faut-il considérer que chaque chambre a un prix et que chacun⋅e est libre de s’y installer comme iel veut et avec qui iel veut ? Ou à l’inverse, que chaque coloc paye le même loyer, qu’iels partagent une chambre ou pas ? Cette question a de l’importance.

Les années passées, certaines personnes (en couple ou non) ont partagé une chambre ; il y a eu pendant trois ans un dortoir pour accueillir quatre personnes, etc.

Si le loyer est payé par chambre, cela signifie qu’on peut être poussé⋅e à partager sa chambre seulement pour des raisons financières, tandis que les personnes les plus aisées pourraient profiter des meilleures chambres et des meilleures conditions. De plus, à la maison bleue, nous avons beaucoup d’espaces mis en commun : cuisine, garage, l’atelier bricolage, la buanderie, le cowo(r)king, le jardin et autres espaces calmes.

Alors d’une part on s’est dit qu’on souhaite dissocier le choix d’une chambre (et de la partager ou non) des contraintes financières. Ensuite, on s’est dit qu’on aimerait pousser la réflexion un peu plus loin, vers une répartition des loyers qui pourrait tenir compte des revenus. Ça avance lentement depuis novembre. Affaire à suivre.

Travaux & déco

Il était grand temps de faire quelques travaux et de décoration à la maison. D’abord, nous avons renforcé la mezzanine extérieure, construite en bois de récupération il y a cinq ans, et qui en avait bien besoin : ses pieds renforcés pourront tenir encore quelques années.

Ensuite, depuis la présence de moisissures pas cool dans les salles de bain, un tuyau d’évacuation d’air traverse notre cuisine. Nous avons profité d’une matinée fériée pour le décorer. Bienvenue à notre coloc-dragon !

Soirée intercoloc

On a aussi organisé une soirée « intercoloc » où de nombreuses personnes habitant dans des grandes colocs sont venus partager un moment avec nous. Nous avons rencontré des habitant.es de villes voisines (l’Hay les roses, Cachan) mais aussi des ami.es venues d’un peu plus loin (Montreuil, Gagny). Cette soirée a débouché en la constitution d’un réseau intercoloc sur Discord dans lequel nous échangeons à propos de diverses thématiques liées à la vie en grande coloc engagé autour de Paris. Cette dynamique nous a aussi permis de constituer des liens un peu plus fort et d’autres moments inter-coloc ont été organisé chez d’autres.

En plus de tous ces moments plutôt formels, on a passé de superbes soirées toutes différentes (Danse, Film, Pizza, Jeux de société, Tag etc.). C’était spécial de pouvoir passer autant de temps chez soi et d’apprendre à connaître ses nouveaux colocs. A la fin de la semaine, on s’est dit que ça pourrait devenir une tradition. Vivement le festibleu 2022.