Du 5 au 7 juillet, quelques gais et joyeux représentant.e.s de la Maison Bleue se sont rendus à Nantes pour participer au Rencontres Nationales de l’Habitat Participatif, qui se déroule chaque année et qui regroupe des acteurs aussi divers que des HLM participatifs, des squats, ou encore… des colocs.

 

Mais qu’est-ce que l’habitat participatif ?

C’est un mode d’habitat qui met au centre l’achat (ou la location) en commun d’un bien immobilier, conçu pour encourager le partage de certains biens ou moments, et ainsi créer durablement du lien entre les habitants. Ainsi, la plupart des projets mutualisent une salle commune pour faire des dîners ou organiser des événements, ou encore une buanderie commune, un atelier partagé, une voiture en auto-partage, ou encore la mise en commun de soins pour les personnes âgées dépendantes. Au final, c’est plus une galaxie de projets et d’initiatives, chacun marqués par les individualités et les histoires de vie de leurs participants que nous avons pu découvrir.

–> Site utile : www.habitatparticipatif.eu/cest-koi-lhp/

Que fait-on dans ces rencontres ?
Le vendredi, un atelier participatif et interactif sur le montage d’un projet d’habitat participatif, où les animateurs nous font progressivement nous déplacer dans la salle pour retracer les étapes de création d’un tel projet : prise de contact avec l’architecte, avant-projets, dossier de consultation des entreprises, mise en chantier, suivi de projet nous sont patiemment expliqués, avec pour exemple la mise en œuvre d’un projet d’habitat participatif au sein d’un complexe HLM, en lien avec des bailleurs sociaux.
Plus tard, un atelier très concret sur la gestion des toilettes et eaux usées dans des projets d’habitat participatif : aujourd’hui le retraitement des eaux usées relie tous les acteurs et constitue un enjeu environnemental et de santé publique majeurs, alors pourquoi ne pas composter nos excréments à la source, et épandre nos urines dans les champs ? C’est ce qu’essaie de nous démontrer cet atelier, à coup de démonstrations de toilettes sèches innovantes et de petits pots contenant des vers et de la terre, quelques mois auparavant : du caca. Encore plus tard, une promenade sur l’île de Nantes, avec dans le soleil couchant les fantasmagoriques ombres des animaux mécaniques, le vent autour du tipi et autres merveilles que recèle le crépuscule de Nantes.

Faites place à la Maison Bleue !

Le lendemain, non sans avoir bouclé les derniers détails de notre présentation, nous nous dirigeons vers la salle où nous allons parler de colocation écologique comme alternative à l’accession à la propriété.
Nous attendant à trouver un public de jeunes actifs curieux de notre mode de vie, nous sommes agréablement surpris de voir que les personnes qui se sont déplacées ce samedi matin sont essentiellement retraitées ou proche de la retraite, et sont intéressées par ce que l’on peut faire sans être propriétaire. En effet, pourquoi s’endetter pour acquérir un logement où on risque de n’habiter que quelques années, et dont nos descendants ne sauront sans doute que faire ?
Au début, un certain scepticisme s’installe : « mais en gros, vous êtes une coloc étudiante » « ce que je souhaite, c’est avoir mon propre espace » « comment faites-vous pour vous entendre ? ». Mais peu à peu, au fil des échanges et des explications, la force du modèle expérimenté à la Maison Bleue se révèle. Un participant à l’atelier nous raconte que lui aussi, il voudrait que les repas soient pris en commun, une idée qui lui a été inspiré par sa fille, qui vit en coloc. Notre mode d’organisation suscite la curiosité : comment faire en sorte que tout le monde s’implique sans ne forcer personne ? Comment assurer que le ménage et les tâches ménagères soient faites sans faire de planning, juste en comptant sur la responsabilité de chacun ?

Au final, nous avons le sentiment d’avoir attisé la curiosité, et peut-être ouvert de nouvelles pistes dans l’esprit des participants, qui sont pour certains un peu sortis de leur zones de confort en nous entendant relater nos expériences. Si le partage de tous les espace de vie les rebute encore un peu, peut-être que la vie en commun et l’autogestion leur apparaît un peu plus comme une possibilité tangible que comme une douce utopie.